Les mères porteuses
1990
Hauteur : 6 pi
Largeur : 3 pi
Profondeur : 4 po
Acrylique, sable et
feuille d'or sur toile
Ce que Nicole Tremblay nous présente se veut une manière de
critique sociale sur le rôle des mères porteuses, dont le ventre
loué porte l’enfant d’un couple désirant ardemment un bébé. Ce
couple peut avoir un problème de stérilité, ou tout simplement
ne pas vouloir assumer les risques d’une grossesse et ses
éventuelles séquelles esthétiques. Ce rôle que l’on croit issu
des temps modernes est en réalité vieux d’au moins deux mille
ans. On nous leurre en effet avec deux poids deux mesures,
car cette même société nous implore d’adorer la vierge Marie,
elle-même porteuse de l’enfant d’un homme ni vu ni connu.

Cette fresque exhibe fièrement trois mères porteuses du
potentiel créateur de l’homme, lovées dans une forme d’oeuf et
dépositaires, respectivement de gauche à droite, des attributs
pinceau, flûte et masque de théâtre. Le tout prisonnier d’un
environnement dégradé et malsain pour l’enfant à venir. Celle
de droite porte l’enfant destiné à la Biosphère II située
immédiatement contre son ventre. Il quittera le nid maternel
pour se réfugier illico dans ce cocon de survie.

Au-dessus de la Biosphère II, le fils du premier ministre de
l’époque épouse une jeune demoiselle potentiellement enceinte
d’une créature à naître sur l’amoncellement de pneus de Saint-
Amable, où un incendie toxique faisait rage durant la réalisation
de ce tableau descriptif de moeurs cavalières.

La peintresse de gauche a déjà donné naissance à un fils de
politicien en expectative du pays promis, dans une mer de
pneus et de vase.

Surplombant les mères porteuses, la frises des femmes
stériles : à gauche, quelques clones de Lise Bacon portent un
document sur la réglementation des ventres féminins. Suivent
des danseuses femmes de carrières artistiques, une
marchande et des nonnes; toutes renonciatrices de la
maternité.

Tout ce beau monde surmonté d’une vierge tenant l’enfant
Jésus dans ses bras et inspirée d’une oeuvre de Simone
Martini, peintre italien du XIVe siècle. L’artiste l’a
généreusement flanquée de la vie des saints du ciel et des
seins de la terre.

La frise du bas évoque les neuf mois de grossesse d’une
femme-oiseau, dont la stature a été développée ultérieurement
par l’artiste dans le tableau États d’âme.

Damien Tremblay