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Au Pied-du-Courant
1996
Hauteur :
95 po
Largeur :
107 po
Médium :
acrylique, sable, verre saq recyclé et feuille d'or sur contre-plaqué
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De toute évidence, cette fresque de l'artiste Nicole Tremblay, intitulée Au-pied-du-courant , nous propose le mariage harmonieux entre l'effervescente et trouble histoire des patriotes de 1837-1838, racontée en trois frises horizontales, et une mythologie aérienne de la vigne transmutée et exaltée par la fermentation. La frise I dépeint les endroits marquants des actions patriotiques. La frise II résume l'histoire du bâtiment Au-pied-du-courant ; alors que la frise III nous fournit des instantanés des faits et gestes des patriotes.
Au lieu de nous embourber dans des relents capiteux, ses oiseaux mémoire (en haut, à gauche) déroulent prestement la frise des bâtiments , en conjonction avec les oiseaux de droite, semeurs célestes de la vigne terrestre. Le tout allégé par un découpage d'aération, pour accentuer un envol dynamique et une intégration harmonieuse de l'oeuvre à l'architecture des lieux. On y retrouve entre autres édifices, le bureau de poste et l'église de Saint-Charles, les églises de Saint-Denis, Saint-Mathias et Saint-Eustache et le musée des Patriotes de Saint-Denis. Noter la présence de nombreux lampadaires oiseaux , sortes de bémols aptes à temporiser cette partition aux tonalités kaki.
La frise de la prison Au-pied-du-courant nous montre principalement la prison et sa porte d'enceinte datant de 1837 ; sans oublier les importants et respectueux travaux de rénovation effectués à la fin des années 80 par la Société des alcools du Québec qui, incidemment, y loge depuis 1930. Ces deux premières frises se déroulent dans un ciel de nuit.
La frise des patriotes , elle, campe dans la lumière crue des neiges d'automne. On y reconnaît le célèbre vieux patriote d'Henri Julien, alors que son compagnon, à droite, bourre sa veste d'une épaisse liasse de papier pare-balles qui lui sauvera la vie! De son côté, un défenseur de Saint-Denis suspend son tir pour bourrer sa pipe à même la traditionnelle blague en vessie de porc. Pour cette frise, l'artiste Nicole Tremblay s'est principalement inspirée des oeuvres d'Henri Julien et J. McIsaac.
La traînée d'or fin, sertie de noirs moutons, symbolise à n'en pas douter le fleuve Saint-Laurent et la rivière Richelieu, importantes routes d'eau du patrimoine historique. Tout au bas de l'oeuvre, les longues plages de sables telluriques et de verre recyclé suggèrent subtilement une troisième dimension. Cette dernière servira de reposoir aux trois muses aériennes de la vigne qui viennent à peine d'y poser le pied.
Comme dans les contes de fées, ces trois Grâces, ces génies du vin jaillissent d'un merveilleux alambic fracturé . Véritable cosse magique où les riches pigments transparents, déposés sur feuille d'or, émoustillent les étoffes de vibrations bourgogne, bordeaux, amaretto, cognac, armagnac, cassis, chicoutai, airelle du nord, rhum, whisky et lie de vin. Pour renforcer la filiation divine, les pampres, branches de vigne avec leurs feuilles et leurs grappes, procèdent des cieux.
Si l'on veut résumer la rythmique de l'oeuvre, on constate que l'horizontale des frises s'équilibre parfaitement avec les trois porteuses d'euphorie verticalement posées sur le sable. On perçoit une gestuelle ondulante, avec des hauts et des bas tout en douceur.
Pour le commun des mortels qui n'est pas sous l'emprise d'inhibitions scolastiques , cette fresque se lit très bien à travers un réseau fluide et sensible d'astuces picturales. Une symbolique naturelle s'impose et entretient des liens intuitifs avec l'environnement, pour permettre au phénomène humain d'entonner à la fois l'Hymne à la joie et le Cantique des Cantiques, par-delà le bien et le mal.
Damien Tremblay
Oeuvre de Nicole Tremblay , pour le siège social de la Société des alcools du
Québec , à Montréal, Au Pied-du-Courant , l'ancienne prison où furent incarcérés et pendus les patriotes de 1837-1838.
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